Thème
La 10e édition du festival Les HTMlles se fera sous le signe du risque. Risquer : gagner ou perdre (le résultat est incertain), s'exposer à une possibilité… Le risque est un potentiel. Qu'elle soit connotée positivement ou négativement, l'idée de risque implique celles de l'évaluation, de l'action et de la répartition, et donc, du pouvoir. Le mot « risque » a évolué au cours de l'histoire du capitalisme ; le concept de « société du risque » pour sa part n'apparaît qu'il y a une vingtaine d'années. Il a été utilisé par des sociologues pour rendre compte de la manière dont la société moderne s'organise autour de l'idée de risque, dans le sens de se préparer au futur (ce qu'une société devrait être en mesure de gérer). Cependant, du moment où on envisage ou imagine le futur, nous adoptons des comportements risqués. Tout et n’importe quoi peuvent potentiellement être considérés risqués…. Pour nous le démontrer, il existe toute une économie, tout un complexe industriel mondial dont la fonction consiste à réguler et modérer le « risque », qu'on pense aux compagnies d'assurances, aux produits d'investissement ou aux technologies et méthodes standardisées d'évaluation et de gestion des risques. Il existe également toute une panoplie de techniques de calcul, d’« optimisation » et de contrôle social qui repose sur cette notion de « risque »; pensons aux « populations à risques » et à ces personnes qui sont considérées « vulnérables », « suspectes » ou, de plus en plus par les temps qui courent, « insolvables ».
Dans une période comme celle que nous vivons, à ce point critique, il est peut-être crucial de (se) questionner un tant soit peu. De quelle manière s'articule aujourd'hui le langage utilisé pour conceptualiser le risque? De quelle manière prend-on des risques aujourd'hui? Quels sont les différents niveaux de risque dans nos diverses (trans)actions? Quelle est la relation entre risque, technologie et pouvoir? Par quelles voies le risque est à la fois géré et créé? Comment est-il réparti? Depuis quand une personne « investit »-elle dans son avenir et qu'est-ce que ça signifie réellement? Est-ce que les « crises » servent à pacifier les communautés qui sont affectées? Quelles sont-elles? Aussi, qu'ont les artistes à en dire, de ce qu'on nomme « crises » et « risques »? En quoi faire de l'art est-il risqué aujourd'hui? Qui parle? À qui et au nom de quoi?