Après le septième art, le mail-art,
le fax-art, l'art vidéo, l'art multimédia, voici maintenant
le web-art. Sur la scène artistique mouvementée du
XXème siècle, à l'aube d'un tout nouveau millénaire
- où non seulement l'oeuvre unique est en voie de disparition,
mais encore n'a souvent même plus d'original hormis quelques
lignes de code informatique - ce dernier venu ne prend forme que
dans le cyber-espace, récent phénomène mythique
qui, étant à l'origine un outil de communication entre
chercheurs, n'est ultimement qu'un système élaboré
d'ordinateurs et de fils téléphoniques.
A travers le vaste filet, la vaste toile de données
textuelles, visuelles et sonores qu'est l'Internet, l'art "on-line",
probablement encore dans sa pré-histoire, s'affirme et
se développe de plus en plus. Sans aucune matérialité
physique, cet art semble porter, hormis l'innovation, comme une
bouteille à la mer, la vision d'un univers virtuel, cosmopolite
et démocratique au milieu du projet industriel-commercial
de l'Autoroute de l'Information qui devient de plus en plus l'instrument
puissant d'un marketing avancé tissant un monopole de services
et produits audiovisuels payants, une sorte d'"infocratie".
Jeune donc, et souvent maladroit, il prend des formes diverses
et des directions multiples.
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RESEAUX ET LIENS
A l'intérieur du grand réseau de
l'Internet, les oeuvres d'art-web conjuguent entre elles des univers
sensoriels et des niveaux de sens différents, par hyper-liens
cliquables, et forment entre elles-mêmes des réseaux
miniatures. Elles opèrent ainsi comme de véritables
dispositifs servant à combiner un large éventail
de possibles par navigations audio-visuelles. Ces possibles peuvent
être, entre autres, des textes de poésie ou de prose,
en anglais, français, espagnol, russe ou japonais, des
photographies digitales ou digitalisées, des dessins 2D
ou des scans de dessins sur papier, d'illustrations de livres,
de passeports, de graines de maïs, de poupées Barbie,
de fleurs séchées, de mes mains, des animations
3D, des vidéos quicktime, des voix réelles ou synthétiques
ou un air de samba en real-audio, la copine d'Australie par C-U-See-Me,
ou n'importe quel site de l'Internet entier. Cet "art du
ricochet" représente, selon Anne-Marie Morice, éditrice
de la cyber-revue en-ligne française Synésthésie,
une idéologie du lien où ce "lien opère
un glissement métonymique et engendre un parcours puisqu'il
existe un nombre potentiellement infini de chemins ouverts à
toutes les navigations et reliant de multiples objets sur le Web".
DE LA COMMUNICATION
Cette idéologie de contact et de voyage
fait que les oeuvres ouvertes et dynamiques du web-art semblent
relever plus des communications de masse que des arts visuels
et peuvent souvent être qualifiées de systèmes
créatifs de communication. Et c'est principalement cet
aspect, de communication de masse, que le web-art a de plus que
les autres formes contemporaines digitales et interactives semblables,
comme le multimédia sur support CD Rom, par exemple. Pouvant
jouer avec la possibilité de collaboration, la connectivité
et l'interface, il offre de nouvelles perspectives sur les notions
d'artiste et d'oeuvres en développement ultra-rapide incessant
des technologies de l'information et de la communication - il
représente une contribution à la création
de notre époque avec les moyens de cette époque.
L'art-web est de ce fait tout au moins l'un des miroirs, encore
assez libre et sauvage, à travers lequel on peut contempler
et tenter de comprendre d'où nous venons et vers où
nous naviguons.
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