Redman

Eva Quintas + Mitsiko Miller (Montreal)
Carnages, 1999



bio e. quintas  

Après des études universitaires en littérature et en photographie, elle a participé depuis 1990 à de nombreuses expositions au Québec, au Mexique et en Europe. Son travail actuel est partagé entre ses propres projets qui revisitent la photographie de voyage et sa collaboration à un photoroman littéraire et plurimédia , Liquidation, qu'elle développe depuis 1994 avec l'écrivain Michel Lefebvre (http://www.AgenceTopo.qc.ca/liquidation). Elle plonge en 1997 dans la création Internet, en réalisant les épisodes Web de Liquidation et en participant à la réalisation de divers cyber-reportages culturels.

Membre du collectif de photographes montréalais Atelier Fovea, elle fonde également en 1993 l'Agence TOPO, un organisme voué à la promotion de la photographie sous toutes ses formes. Avec TOPO, elle dirige en 1999 le projet FiXions, réunissant 10 photographes et auteurs autour de la réalisation de 5 photoromans sur le Web (http://www.AgenceTopo.qc.ca/fixions).

Pour le compte d'ISEA/l'Inter-Société des arts électroniques, elle développe le projet Afrique virtuelle francophone, dont un des volets est la réalisation d'ateliers de création internet avec des artistes de Dakar en février 1999 (http://www.isea.qc.ca/africa). Dans cette même foulée, elle participe en janvier 2000 au Festival de l'Eau, une création collective au Burkina Faso, réunissant une douzaine d'artistes internationaux autour de la rencontre entre les arts traditionnels et les arts électroniques


 

bio m. miller  

Née à Sherbrooke en 1971 d'un père québécois et d'une mère japonaise, Mitsiko Miller est un enfant du monde au coeur rebelle: elle n'aime pas faire les choses comme il le faut. Quoi de surprenant lorsqu'on vient d'une famille d'excentriques! Depuis le début des années 1990, Mitsiko s'intéresse à la musicalité des mots (littérature orale) ainsi qu'à la multidisciplinarité. Pour elle, rien n'est coulé dans le béton: sa démarche artistique quoique s'inspirant toujours de la tradition orale, intégre constamment de nouveaux éléments qui font de son travail une entreprise en évolution continuelle. Déjà, on l'a entendu lire des textes transgéniques, mariant les langues officielles (un sacrilège!), faire des croisements d'écriture, combinant le niveau littéraire au jargon de rue; ou encore des monologues étranges, des poèmes sonores entrelacés de mouvements... Le style hybride qui en découle, combiné à une approche scénique dynamique lui ont valu une rÈputation sans conteste dans la scène littéraire. Avec une plume cynique, Mitsiko est réputée pour avoir un humour vitriolé. Sa voix se fait entendre dans le ICI, le magazine Night Life, et d'autres projets relatifs à l'écriture. Ses passions sont avant tout les mots, la musique électronique et les gens. Montréal, sa ville d'adoption depuis plus de 25 ans, est selon elle, un véritable laboratoire d'idées, oû malgré son horaire chargé, elle prend le temps d'épier ses cobayes: les matantes, les petites filles, les chiens, les machos, les fous et même les lépreux... Pourquoi? Parce qu'ils SONT sa source d'inspiration; une critique humoristique des relations interpersonnelles et des valeurs sociales en découle inévitablement. Au fil des ans, Mitsiko s'est impliquée activement dans le milieu de la littérature orale organisant ses soirées de littérature orale, La Vache Enragée (1995-1999), produisant livres et CD et couvrant la scËne dans les médias (Mirror, ICI et CBC). Mais aujourd'hui, Mitsiko prÈfËre consacrer la plupart de son temps à la création. Ayant complété son premier livre (Le Coeur en Orbite, 1999) et un projet Web avec la photographe Eva Quintas (Carnages, 1999) elle prépare à l'heure actuelle une performance multidisciplinaire englobant des oralités et des éléments visuels et sonores avec le musicien DJ Ram (été 2000).

Carnages  

Carnages est élaboré autour des multiples connotations et imageries de l'anthropophagie et du cannibalisme. Avec un ton résolumment parodique, les auteures contruisent plusieurs courtes histoires abordant la négritude, la guerre, le corps, la nourriture comme espaces symboliques de résistance et d'assimilation.

présentation  
(par m. miller)

Mercredi, 2 février, 19h30, Salle Fernand-Séguin, Cinémathèque québécoise
En français.

Le projet Carnages parmi ses multiples hyperliens, superpose la fiction et le documentaire dans un univers sinistre où le désir de l'autre devient consommation, ingestion, digestion et annihilation. À travers la visite du site, la symbolique du cannibalisme sera dévoilée sous ses diverses formes.

La figure du cannibale hante l'histoire occidentale, donnant lieu à un corpus prolifique qui s'ancre dans la mythologie classique, traverse la littérature populaire et orale, l'art et la théorie, s'adaptant au gré des courants philosophiques et politiques des époques. Le Cannibale, ce 'fantôme de l'Europe' est un construit de la colonialisation: modèle abject ou emblème du renouveau, il répond aux justifications et aux querelles de la conquête. À cette figure s'oppose celle de l'Anthropophage culturel qui pratique quant à lui une dévoration symbolique et rituelle. L'Anthropophage revisite le passé et le projette dans le futur, dans une vision circulaire de l'histoire. Aujourd'hui, oû les questions d'identité et l'hybridité sont les lieux communs du postmodernisme, de la globalisation, des DJ et du Web, le cannibale comme l'anthropophage resurgissent et se réimposent comme pratiques, symboles et métaphores de nos sociétés affamées, comestibles et voraces.

Carnages n'est pas sans faire allusion à la nature vorace et parfois malicieuse du Web ainsi qu'au potentiel d'appropriation immense que signifie la technologie numérique. Ainsi un aspect sans doute plus important de ce projet qui serait exploré durant la conférence serait celles de la consommation de culture exécutée sur web: sauvegarder une page, mettre un bookmark, sauvegarder une image reliée à un site visité, sont devenue des gestes d'anthropophagie inconscient que nous exécutons dans le but d'enrichir notre 'culture' générale.

Mitsiko Miller